Derrière les aspects
humanitaires et humains, l’aspect juridique. La France est-elle toujours un
état de droit ? Eh bien, pas tout à fait.
Selon LCI, le
ministère du Logement aurait décidé que les migrants "dublinés"
dirigés vers les CAO (Conseils d’Accueil et d’Orientation), antichambres des
CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile), pourront réintégrer un parcours
d'asile en France, et non dans le premier pays où ils ont déposé leurs
empreintes, en contravention avec le règlement communautaire DUBLIN III.
Les «dublinés»
sont ceux des migrants qui sont visés par le règlement communautaire du même nom, troisième dispositif : DUBLIN III. Ce règlement détermine l’Etat membre responsable de l’examen de la demande d’asile présentée par
un ressortissant de pays tiers, sur le territoire de l’un des Etats membres de
l’UE. L’élément
majeur de ce dispositif est que si le demandeur
d’asile a transité par le territoire d’un Etat membre de l’UE, l’examen de sa
demande incombe à ce dernier, qui doit donc le prendre en charge et pourvoir à
ses besoins. Il en résulte que si le demandeur se trouve dans un autre Etat, qu’il ait ou
non déposé une demande d’asile, il doit être renvoyé vers le premier Etat
traversé. En pratique, vers l’Italie ou la
Grèce.
Emmanuelle COSSE vient ainsi d’affirmer que la France y contreviendra. L’Etat est donc prêt à tout pour
faire disparaître, en apparence, le plus grand rassemblement de migrants, illégal
et sauvage, au centre de l’Europe :
- Prêt à accorder des statuts de « réfugiés » de complaisance ? Il est permis de se poser la question suite aux chiffres présentés par David Pujudas récemment sur France 2 : "la demande d'asile est acceptée [pour] 70% des migrants de Calais alors que la moyenne nationale est uniquement de 36%";
p - Prêt à se mettre hors-la-loi européenne ? Si l'état ne renvoie pas les migrants entrés par l'Italie ou la Grèce, il est hors-la-loi. On peut toujours se consoler en se disant que l’Allemagne l’est également...
Du pragmatisme ?
On pourrait se contenter de
cette explication-là, avaler cette couleuvre-là, s’il ne s’agissait que d’un
nombre de réfugiés à intégrer dans notre pays, les dents grinceraient, mais ce n’est
pas la mer à boire (passons sur le mauvais jeu de mots) : une dizaine de
milliers à diluer parmi les Français.
Mais au cas d’espèce ce n’est
pas un nombre fini, c’est un flux !
On serait tenté de dire :
Messieurs les responsables du gouvernement, retournez à l’école voir votre prof
de math, qui vous expliquera la différence entre un nombre et un flux !
Mais, qui
reste aujourd’hui pour gouverner ?
Les conseillers présidentiels
et ministériels se sont fait la malle, c’est l’exode depuis un an, les deux têtes
de l’exécutif se chargeant souvent elles-mêmes de trouver les places "d'accueil" douillettes et dorées qui soient suffisamment à la mesure du talent forcément énormissime de leurs
petits protégés.
Les députés, dénués de tout
sens de l’intérêt général (s’il en fallait encore une preuve), ne sont pas en
reste, puisqu’ils ont déserté le Palais Bourbon, à tel point qu’on ne sait
même pas comment la loi de finances pourra être votée.
On reste pantois devant le remarquable
sens de l’état qu’ont toutes ces personnes censées l’avoir plus que d’autres.
La démocratie représentative a
de lourdes limites, qui s’étalent insolemment sous nos yeux…